Titre : Prayers for Bobby
Titre VF : Bobby seul contre tous
Réalisé par Russell Mulcahy
D’après le livre de Leroy F. Aarons
Avec Sigourney Weaver, Ryan Kelly…
Année : 2009
L’histoire de Bobby est une histoire vraie. C’est hélas l’histoire trop habituelle d’un enfant élevé dans une famille chrétienne aveuglée par sa foi, qui lorsqu’il réalise à l’adolescence qu’il n’est pas comme les autres, va sombrer petit à petit dans un enfer quotidien. Celui de l’hypocrisie, du mal d’amour, celui du dénis de soi. Rejeté par ceux qui l’aime, et surtout sa mère très pieuse, Bobby va finir par se suicider.
Cette histoire se déroule dans les années 1980, et hélas, on constate aujourd’hui que la situation n’a pas tant évolué que ça. Et il serait bien hypocrite de dire que tout cela ne concerne que les USA. Car on le voit aujourd’hui : en France, encore de trop nombreux parents n’acceptent pas leurs enfants quand ils apprennent leur vraie nature. Et d’une certaine manière, ce que nous montre ce film ne surprend pas du tout. C’est toujours, la même rengaine : une famille dans la douleur, qui ne sait plus comment aimer son enfant. Une famille qui a trop peur de la pression de la société et du regard des autres. Une mère dans l’erreur qui par ignorance comprend mal le message de la Bible. Et le drame qui en découle : le suicide d’un adolescent. Rien de neuf à l’horizon, hélas. Et Prayers for Bobby décrit très bien cette situation. En sensibilité, sans voyeurisme et sans racole. On salue l’interprétation de Ryan Kelly, tout à fait juste et sensible. Cela dit, tout ce que montre le film sur l’intolérance de la société, sur la bigoterie aveugle, on ne s’attardera pas dessus. Car on s’intéresse toujours ici d’abord à l’aspect spirituel et traditionnel de tout ça. Et les différents discours « théologiques » entre le prêtre et la mère de Bobby sont très succincts. De toute façon, nous avons déjà abordé le thème de l’homosexualité dans la Bible, à travers la chronique du livre de Daniel Helminiak. Un autre essai sera d’ailleurs bientôt présenté ici.
Par contre, au-delà de l’aspect très réel, historique et émouvant du film, il y a une scène qui est particulièrement intéressante, et qui mérite une analyse un poil plus détaillée. Après le suicide de Bobby, Mary va entamer une longue quête, pour savoir ce qu’il est advenu de l’âme de son fils. Est-il en Enfer ? Au Paradis ? Au contact du prêtre d’une église ouverte aux homosexuelles, la mère autrefois si persuadée de ses convictions va petit à petit s’ouvrir. La scène qui suit, dans laquelle elle s’abandonne au prêtre et comprend enfin son erreur, au plus profond d’elle-même :
Bobby, cet enfant, elle l’a porté dans ses entrailles. Et la douleur qu’elle exprime est au-delà des mots. Cette scène fait complètement écho à celle qui clôture le magnifique documentaire Two Spirits (déjà présenté ici, et qu’on vous recommande vivement !), dans laquelle la mère du jeune Fred Martinez assassiné, laisse parler toute sa douleur. Elle s’exprime d’ailleurs dans sa langue natale, le navajo, rendant le tout très peu accessible au spectateur occidental. Eh bien, la bonne nouvelle, c’est que par on-ne-sait-quel-miracle, la mère de Bobby exprime une chose très similaire dans cette séquence…
Elle le sait : Bobby est différent depuis sa conception même. En tant que mère, elle le sentait, et elle sait donc pourquoi Dieu n’a pas « guéri » Bobby. Tout simplement car Bobby était un être profondément pur, et que tout être humain est sur Terre pour y accomplir son être. On peut dire, d’une certaine manière, que Mary réalise à ce moment là la Sacralité même de la vie, mais aussi de Bobby, qu’elle est alors touchée par cette essence ineffable et divine qu’elle a porté en elle. Dès lors, on réalise à quel point le terme « homosexuel » est inapproprié. Un enfant, un bébé, peut-il seulement se définir par rapport à une sexualité (qui est, forcément, quelque chose à quoi il n’aspire pas encore) ? Il y a dans tout ça un enseignement essentiel, à n’en pas douter.
Conclusion : Prayers for Bobby est un téléfilm qui a fait beaucoup parler. Sensible, réaliste (car réel) mais aussi très pudiquement mis en scène. Son contenu fait peur, car on ne peut que constater que plus de vingt ans après les faits décrits, la situation a à peine évolué. Must du must, il contient une scène absolument cruciale, et qui soulève beaucoup de question sur la sacralité originelle de ceux qu’on appelle trop facilement « homosexuels ».