Hier, en rédigeant le billet sur « Ce que la bible dit… », je ne pouvais m’empêcher de repenser à cette histoire qu’un de mes très bon ami m’avait raconté il y a quelques mois. Il m’avouait qu’un de ses amis avait renoncé à prononcer ses voeux pour devenir prêtre. Pour quelle raison ? Car il avait réalisé qu’il était « homosexuel », et ne supportait plus la pression. Tiraillé entre sa sensibilité et ce qu’il croyait savoir du contenu de la Bible, il a préféré ne pas devenir prêtre…
En entendant cette histoire, je ne pouvais m’empêcher d’être peiné. Mais quel paradoxe ! Quelle honte ! Les vocations sincères sont trop rares aujourd’hui pour qu’on se permette de laisser se démotiver ceux qui aspirent à servir le Ciel.
En y réfléchissant, tout ceci est vraiment trop aberrant : pour un prêtre, ça veut dire quoi « être homosexuel » ? Strictement rien ! En tout cas, pas chez les catholiques français. Car le devoir d’abstinence règle complètement le « problème » (pour peu qu’on considère ça comme un « problème »). Qu’il soit « hétéro » ou « homo », un prêtre ne doit pas avoir de rapports sexuels, c’est tout. Et si un jeune homme se sent appelé, peu importent ses « orientations ». De toute façon, un homme qui éprouve un amour pur et sincère pour ses frères n’est-il pas le plus à même de porter le sacerdoce ? En vivant en harmonie et en fraternité, en utilisant ses énergies pour servir dans l’amour de Dieu, j’affirme sans l’ombre d’un doute qu’il sera parfaitement comblé, et à même d’aider les autres. Mais les clichés et les préjugés ont hélas la vie dure… À une époque aussi charnière que la nôtre, l’Église peut-elle seulement se permettre de perdre une seule vocation ? Je comprends volontiers ceux qui pensent que l’Église doit rester conservatrice, car sans racines, l’arbre meurt. Mais le paradoxe fondamental de tout ça, c’est que la notion de Fraternité, mais aussi la présence d’êtres complets (les Deux-Esprits, chez les amérindiens, justement), sont deux éléments majeurs et présents dans toutes les spiritualités anciennes de l’histoire de notre Humanité. Sans remonter aussi loin, Jésus lui-même vivait entouré de ses Apôtres et les aimait sans commune mesure. Et c’est sans même parler de celui qu’on appelait « le Bien-Aimé » (supposément, Saint Jean) qui n’hésite pas à poser des questions à Jésus sur les notions de mariage et de famille ! Il y aurait là-dessus, en fait, probablement beaucoup à dire…
Cette personne dont on parle ici, je ne la connais pas moi-même. Peut-être n’était-il pas réellement motivé ? Peut-être que cette histoire « d’homosexualité » n’était qu’un prétexte pour prendre la voie de la facilité ? Ou peut-être était il très mal entouré à ce moment crucial de sa vie… Ce message est alors un peu comme une bouteille jetée dans l’océan, qu’on écrit avec l’infime espoir que, de l’autre côté, quelque part, quelqu’un puisse le lire. Et alors, oui, si alors, au moins une vocation pouvait être sauvée, cela suffirait amplement à réjouir mon coeur.